Les tablettes numériques, au service des apprentissages... — Institution Notre-Dame de Poissy

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Les tablettes numériques, au service des apprentissages...

L’innovation pédagogique est une préoccupation constante des équipes à l’Institution Notre-Dame afin de former les jeunes aux attentes du lycée, des études post-bac et du monde professionnel. Ainsi, un projet d’introduction de la tablette numérique dans les apprentissages a été mis en place à la rentrée 2013. Il s’inscrit dans la continuité du développement du numérique amorcé avec les TICE et les TNI.

Il ne s’agit pas de surfer sur un effet de mode, d’introduire un nouvel outil-gadget comme élément marketing sur une plaquette d’établissement. Faire entrer le numérique à l’école signifie introduire un outil complémentaire au service du pédagogue et des élèves afin de rejoindre tous les apprenants dans leur motivation, leurs attentes et leur permettre d’être plus engagés dans l’appropriation des savoirs, des savoirs-faire et des savoirs-être.

Le contenu des savoirs n’est pas modifié. Le professeur reste le garant du savoir. Il ne s’agit pas d’être dans le « tout numérique » et de remplacer la culture du livre par la culture du numérique. Il ne s’agit pas également de faire l’impasse sur l’écriture, le calcul et la lecture mais de permettre aux élèves de s’approprier les fondamentaux, les méthodes, l’analyse littéraire et la démarche scientifique avec un professeur qui par l’utilisation de cet outil verra sa place modifiée au sein de la classe.

Schéma sur le changement de posture de l’enseignant en classe

Le système classique unidirectionnel de transfert de connaissances évolue vers un système centré sur l’enseignant mais permettant cependant un échange entre les élèves. C’est un véritable défi que de modifier ainsi des méthodes institutionnelles bien ancrées. Mais les retours d’expérience de nombreuses écoles internationales comme le rapport Karsenti au Canada nous montre qu’il s’agit d’une bonne démarche.

 

Désormais, il existe une classe numérique par niveau dès la 6ème, à l’Institution Notre-Dame, pour permettre aux professeurs de s’investir pleinement dans le projet mais également de laisser la possibilité aux familles d’adhérer au non au projet en fonction de leurs convictions. Néanmoins, pour éviter une fracture numérique et pour être en totale cohérence avec notre pensée pédagogique, avec l’aide et le soutien de l’APEL de l’Institution Notre-Dame, l’établissement sera bientôt équipé d’une mallette de 30 tablettes volantes à disposition des professeurs du 1er comme du 2nd degrés.

Comment un élève peut-il intégrer la classe numérique ?

Une réunion d’informations animée notamment par les professeurs et les élèves qui présenteront leurs productions et leur maîtrise de cet outil aura lieu au mois de mai 2017 au sein même de l’établissement (date et heure à préciser ultérieurement sur le site de l’établissement, rubrique « actualités » et une invitation sera envoyée aux familles de l’établissement ainsi qu’aux futures familles et élèves qui nous rejoindront à la rentrée 2017). A l’issue de cette réunion, un coupon-réponse sera remis et les 30 premiers retours positifs seront pris en compte.

Enjeux et objectifs du projet

1 - Le numérique : un enjeu de société…..

Les recherches de Serge Tisseron, psychaitre, ont porté sur la façon dont les nouvelles technologies bouleversent notre rapport aux autres, à nous-mêmes, au temps, à l’espace et à la connaissance. Il a élaboré les repères « 3-6-9-12 » (pas d’écran avant 3 ans ; pas de console de jeu personnel avant 6 ans ; par d’Internet avant 9 ans ; les réseaux sociaux après 12 ans) pour inciter les parents à retarder l’introduction des nouvelles technologies et privilégier les usages qui favoriseront le développement de l’enfant à chaque âge. Il a constaté que dans l’environnement familial, les enfants utilisent les écrans de manière anarchique, voire déstructurante. Il est donc un devoir pour l’école d’apprendre aux enfants à utiliser les écrans de la bonne façon et ainsi créer des contre-feux à des utilisations personnelles dévoyées.

Trois moyens pour cela :

Tout d’abord, la consommation individualisée d’écrans en famille incite un grand nombre d’enfants à associer écran et pratique individuelle, vecteur d’isolement. C’est pourquoi l’école doit, au contraire, valoriser dans l’écran le fait qu’il s’agit d’un outil qui permet de travailler ensemble entre pairs et avec le professeur. Il s’agit de faire collaborer les élèves dans le but de construire des travaux communs et partager ses travaux afin d’élargir la communauté de travail.

→ Donc, associer les outils numériques à la découverte de la relation en favorisant les pratiques collaboratives et participatives, compétence essentielle en lycée (Travaux Personnels Encadrés par exemple) mais plus encore dans l’enseignement supérieur et dans le monde professionnel qui a totalement intégré le numérique. Or, c’est notre rôle en tant qu’éducateurs, de former nos jeunes aux attentes et besoins des entreprises par nos pratiques éducatives car ils seront les professionnels de demain.

Puis, les jeunes comme nous, adultes, sommes submergés par l’abondance des informations, parfois contradictoires, disponibles sur internet. Ainsi, l’école doit éveiller le sens critique des élèves et les former à prendre le recul indispensable pour trier et sélectionner les données en exerçant leur discernement et en justifiant leurs choix. Cela contribue à renforcer leur apprentissage de la politique documentaire initiée en 6ème par le professeur documentaliste.

→ Donc, construire une attention profonde et raisonnée à partir d’objets d’attention dispersée. Instruire c’est éduquer c'est-à-dire rendre l’élève responsable.

Enfin, il ne s’agit pas de laisser l’élève construire seul son savoir. Le lien de dépendance de l’élève envers son professeur reste fondamental car enrichi du savoir de son maître au sens de pédagogue, l’élève peut grandir en confiance. Mais cette relation maître / élève doit permettre à ce dernier d’acquérir et de maitriser les outils qui lui permettront d’enrichir son savoir de manière raisonnée. Il ne s’agit pas de remplacer la culture du livre et l’écriture par la culture numérique. Il s’agit, bien au contraire, de conjuguer les richesses que peuvent apporter les deux outils.

→ Donc, l’élève accompagné du professeur doit acquérir et maitriser les outils qui lui permettront d’enrichir son savoir de manière raisonnée afin de monter en compétences comme en autonomie.

Serge Tisseron voit en ces trois voies complémentaires l’axe indispensable d’un renouveau pédagogique. La nouvelle génération est profondément transformée par le numérique, ce qui suppose qu’elle a donc de nouvelles attentes et de nouveaux besoins. Et parce que cette tendance est irréversible, il ne s’agit pas comme le souligne, Jean Caron, philosophe, de savoir si l’école doit entrer dans le numérique ; il est fondamental qu’elle intègre le numérique comme outil complémentaire d’apprentissage car c’est le monde dans lequel vivent nos élèves. Nier le numérique à l’école entrainerait un clivage générationnel majeur entre des élèves qui se seraient construits des logiques, des valeurs et des repères sans aucun point commun avec celles de leurs éducateurs et pédagogues. L’école doit s’ajuster à son époque pour elle-même et plus largement. En tant que professeurs, l’objectif à nous fixer est moins de « s’adapter aux numériques », ce que nous faisons déjà avec les TICE et avec les TNI que d’accompagner désormais les changements d’état des élèves qui résultent de leur utilisation de plus en plus précoce et intense du numérique. Nous devons les accompagner et les orienter vers un esprit critique et citoyen.

2 - ...qui s’inscrit dans les réformes annoncées par le ministère de l’Education Nationale…

L’interrogation éducative et scolaire du numérique est en constante progression depuis plusieurs années au sein de l’Education Nationale.

La circulaire de rentrée 2013, publiée au BOEN n° 15 du 11 avril 2013, donne les grandes orientations pour l'année scolaire 2013-2014. Cinq grandes priorités ont été définies dont l’entrée de l’Ecole dans l’ère du numérique.

« Dans une société où la production et la transmission des connaissances sont radicalement bouleversées par les technologies numériques, l'École doit prendre la mesure de ces transformations et accompagner tous les élèves dans l'acquisition et la maîtrise des compétences numériques. Elle doit aussi, grâce aux outils numériques, développer des pratiques pédagogiques attractives, innovantes et efficaces, offrant au système éducatif un véritable levier d'amélioration.
Le développement des formations au numérique constituera un moyen essentiel pour favoriser le déploiement des usages dans les classes ; il devra faire parti de la formation initiale et continue des professeurs » ; « (…) mise à disposition des enseignants et de leurs élèves de ressources pédagogiques qui faciliteront le développement des usages du numérique à l’école ».

De plus, dans le cadre de la réforme des collèges, mise en oeuvre à la rentrée 2016, la maîtrise des outils numériques fait partie intégrante du nouveau socle commun de culture, de connaissances et de compétences. Cf l’objectif 3 : « Comprendre, s’exprimer en utilisant les langages mathématiques, scientifiques et informatiques ».

3 - …mais également dans le projet de l’enseignement catholique qui prône la « pédagogie de l’émerveillement » et le projet diocésain…

Rappelons les orientations adoptées lors de la journée nationale des assises de l’Enseignement Catholique du 1er décembre 2001 : « Une école de toutes les intelligences récuse le modèle uniforme, conjugue les différences et exige de multiples approches éducatives ».

Directives de Pascal Balmand, Secrétaire Général de l’Enseignement Catholique

« (…) Je suis convaincu que notre responsabilité réside dans notre capacité à mettre en oeuvre des dispositifs éducatifs ajustés, au plus près des besoins de chaque élève. C’est dans cet esprit, fondé sur la primauté de l’ambition éducative que nous abordons les défis du numérique ».

« La culture contemporaine numérique a par ailleurs modifié le rapport au temps et au savoir. Aussi, le modèle du cours intégralement magistral est appelé peu à peu à faire place aux pédagogies collaboratives permettant aux jeunes de justifier de manière argumentée de leur choix. (….) Une partie de l’héritage éducatif ne répond plus totalement aux besoins actuels. Or, l’Ecole doit s’ajuster à son époque, pour elle-même et plus largement. Nous souhaitons pourvoir y contribuer par nos pratiques éducatives. »

« Encourager la libération des libertés en favorisant la créativité et l’innovation pédagogique ».

Ce principe fait partie intégrante de notre projet fondateur, pédagogique et éducatif qui est de promouvoir une pédagogie des rythmes et des seuils (« un objectif mais des trajectoires »). En effet, par nos projets comme nos pratiques pédagogiques quotidiennes et la mise en oeuvre de l’Accompagnement personnalisé comme des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) dans le cadre de la réforme des collèges, nous avons toujours eu à coeur d’être ambitieux pour répondre aux besoins éducatifs diversifiés de nos jeunes. Mais il faut aujourd’hui trouver des moyens qui nous permettent de développer encore notre pédagogie différenciée. Ainsi, le numérique doit ouvrir de nouveaux itinéraires éducatifs pour tous les élèves du plus solide au plus en difficultés.

4 - …et enfin dans notre projet fondateur et notre projet d’établissement

Notre engagement éducatif est en prise sur la réalité des jeunes, leurs besoins, leurs appels, leur contexte d’aujourd’hui. Il se veut une réponse à cette réalité.

Nous ne pouvons rêver d’adolescents que l’on façonnerait à l’image d’un idéal adulte mais nous pouvons les accompagner, leur donner des repères. Les structures ne produisent pas d’effets si elles ne sont pas investies de valeurs en cohérence avec les actions de chacun. Les valeurs de l’école et les valeurs de la société doivent donc se rejoindre pour se confondre dans l’apprentissage de l’humain.

Nous devons promouvoir le plus humain en chaque personne au nom d’une vision chrétienne de l’Homme, au nom d’une spiritualité. Il s’agit donc de s’intéresser à l’éducation de toutes les facettes de la personne et pas seulement à la capacité de l’élève d’accumuler des savoirs. La vocation éducative de notre établissement réside dans la prise en compte des élèves dans toutes leurs dimensions et dans la diversité de leurs intelligences pour les former à devenir des personnes confiantes en eux-mêmes et en leurs capacités, autonomes et responsables.

 

Pour conclure, ce ne sont ni les technologies, ni les tablettes qui favoriseront la motivation et la réussite de nos jeunes mais notre savoir-faire. La tablette n’a sa place que si elle participe à l’atteinte de la mission de l’école catholique : promouvoir la personne dans toutes ses dimensions, instruire, socialiser, qualifier. Il ne s’agit pas d’être « technophobes ou technophiles » mais « techno réfléchis » (Rapport Karsenti).

« Forts de cette Espérance qui nous fait refuser le fatalisme et croire en l’avenir de chaque élève et de toute personne, soyons ensemble pionniers à l’aurore de nouveaux commencements ». Paul Malartre

Valérie CHESNEY, Chef d’Etablissement