Les classes iPad : un véritable bénéfice pédagogique — Institution Notre-Dame de Poissy

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Les classes iPad : un véritable bénéfice pédagogique

Par Aude Dubois, professeure de français

La crainte. Telle a été ma réaction lorsque l’on m’a confié ma première classe iPad il y a de cela trois ans. La crainte de mon manque de maitrise de l’outil et de mon manque d’idées sur les utilisations possibles par les élèves. La crainte aussi, très forte, que cet outil devienne un gadget qui, loin d’apporter à mon enseignement des avantages, n’en vienne au contraire à en diminuer les richesses, en écriture en particulier.

Cependant, disposer d’un tel outil et le laisser dans un placard aurait été inconséquent ; il a donc fallu se lancer. Les formations m’ont permis d’en mieux connaitre les possibilités, et la curiosité est venue peu à peu, avec son lot d’idées, de projets, d’envie et d’expérience. Aussi, après ces trois années d’utilisation, je peux désormais dresser un bilan de l’usage du numérique dans mes classes iPad.

Premiers bénéfices constatés chez les élèves équipés ? Meilleure concentration, envie, intérêt, curiosité. Loin d’être anecdotiques, ces bénéfices apportent au contraire des améliorations essentielles dont on peine, de l’extérieur, à mesurer l’importance primordiale pour les activités d’apprentissage.

Ces activités, très nombreuses et variées, se mêlent désormais avec simplicité au quotidien de la classe et aux activités non numériques. En voici quelques exemples.

Un élève peut diffuser sur grand écran le contenu de son iPad, pour retravailler en commun une rédaction ou construire ensemble une leçon de grammaire qui est alors envoyée à tous les iPads. Les cours peuvent être pris en photo, pour éviter les erreurs d’orthographe au moment de la mémorisation, et permettre aux élèves de se concentrer pleinement pendant la découverte des notions au lieu de recopier. Il est désormais aisé pour chacun d’intervenir sur les textes des auteurs célèbres étudiés, comme Maupassant en 4è, afin d’imiter le style, d’allonger un passage qui n’était qu’esquissé, de modifier les temps utilisés, de transformer la fin, ou même d’insérer à divers endroits de savants ajouts pour faire d’un texte réaliste une oeuvre fantastique. La classe construit aussi ses propres outils d’analyse des textes ou ses cours sur des tableaux ou des cartes mentales, crée des fiches numériques de révision, ou encore produit en commun grâce à des applications de travail collaboratif. La manipulation d’images, de sons, de vidéos, permet les projets les plus ambitieux, jusqu’à la conception totale de journaux vidéos intégrant des reportages avec insertion d’images fixes et de sons, et ce, dès la 5ème ! Le tout en protégeant l’identité des élèves grâce à la création d’avatars sur lesquels ils enregistrent leurs voix, tout en respectant les droits d’auteurs.

Car c’est aussi un des apprentissages essentiels en classe iPad : on découvre comment respecter les droits d’usage sur la toile, et comment formuler ses propres droits d’auteurs lorsque l’on produit. On comprend ainsi comment, contrairement à l’opinion communément répandue, ce qui est disponible sur internet n’est pas utilisable, sauf si c’est clairement précisé, en particulier grâce aux Licences Creative Commons. Chaque élève sait également comment employer ces licences pour protéger ses propres productions, en tant qu’auteur. De même, la licence Youtube standard, qui autorise l’utilisation d’une vidéo sur ce site, est également découverte ; mais on y associe le développement de l’esprit critique, afin d’analyser si cette licence peut vraiment être prise comme argent comptant : ainsi en est-il d’un musicien amateur qui reprend une chanson de Madonna et en autorise la réutilisation, alors qu’en fait les droits sur l’oeuvre ne lui appartiennent pas. L’élève sait alors définir s’il est réellement légitime de réutiliser cette vidéo et évite l’écueil d’une infraction maladroite.

Par conséquent, après ces trois années de pratique du numérique en classe iPad, mon constat est sans appel : cet outil ouvre une infinité de possibles que l’enseignement traditionnel seul ne permet pas. Ils se nourrissent au contraire mutuellement pour valoriser les découvertes et développer la manipulation de compétences très variées. Loin d’appauvrir mon enseignement, comme je le craignais au début, l’usage de l’iPad l’a renouvelé, l’a considérablement enrichi. Choisir l’iPad pour une ou plusieurs années au collège, c’est incontestablement permettre à l’élève d’accéder à un véritable outil pédagogique pour de meilleurs apprentissages.

Plus de crainte, donc. Place à la confiance, à l’enthousiasme, à la créativité et au travail.